Pourquoi la thérapie de la mémoire retrouvée est-elle une mauvaise thérapie

Pourquoi la thérapie de la mémoire retrouvée est-elle une mauvaise thérapie

Par John HOCHMAN

John HOCHMAN est psychiatre à ENCINO (Californie) et fait partie du Comité Scientifique Consultatif de la   FMS Foundation à Philadelphie – USA – Il a écrit sur la psychologie des sectes, les abus et le syndrome des faux souvenirs.

La RMT est prétendument utilisée pour aider les patients à guérir des effets d’abus sexuels durant leur enfance, cependant, au début de la RMT, il n’y a aucune évidence que de tels abus se soient produits. Ainsi, au lieu de rassembler des faits pour établir un diagnostic et déterminer ensuite le traitement approprié, le thérapeute RMT utilise le « traitement » pour produire son diagnostic.

Certains thérapeutes RMT interprètent abusivement des maladies psychologiques communes comme des signes de sévices sexuels subis durant l’enfance. Dans leur zèle à retrouver des souvenirs, ils négligent toute explication alternative des maladies de leur patient. Les thérapeutes RMT ignorent ce principe psychologique de base que tout patient est influençable et que les patients en détresse qui viennent chercher une psychothérapie sont particulièrement enclins à adopter les croyances et les partis pris de leur thérapeute.

De nombreux thérapeutes RMT n’ont jamais étudié les sciences de base concernant la mémoire, ni le diagnostic des troubles réels de la mémoire. Leurs connaissances sont souvent basées sur un simple séminaire d’un week-end, et non pas sur l’enseignement formel universitaire qu’il faut suivre pour obtenir une licence. L’hypnose et l’administration d’amytal de soude (sérum de vérité ?) sont des procédés inacceptables pour retrouver des souvenirs. Les tribunaux rejettent l’hypnose comme adjuvant de la mémoire. Les sujets soumis à l’hypnose ou à l’amytal comme aides à la mémoire (même dans les cas où il n’est pas question d’abus sexuels) créeront généralement de faux souvenirs. En revenant à leur état normal de conscience, ils pensent que tous leurs souvenirs « rafraîchis » sont également vrais.

Les thérapeutes RMT ne se donnent généralement pas la peine de vérifier les « souvenirs retrouvés » en interrogeant des tiers, ou en consultant les dossiers psychiatriques ou scolaires. Certains d’entre eux expliquent que s’ils ne vérifient pas les allégations sérieuses qui surgissent de la RMT, c’est parce que leur travail consiste seulement en ce que leurs patients se sentent en « sécurité » et guérissent.

De nombreux patients, qui ont su toute leur vie qu’ils avaient été maltraités ou négligés par leurs parents, décident lorsqu’ils sont adultes de traiter avec amitié leurs parents responsables. Au contraire les thérapeutes RMT encouragent leurs patients, sur la base de ces « souvenirs retrouvés », à couper tout contact avec les prétendus « perpétrateurs » ainsi que le reste de la famille qui n’entre pas dans leurs vues.

Ceci est totalement contraire aux objectifs traditionnels des thérapeutes : aider leurs patients responsables à prendre leurs décisions importantes et améliorer leur relation avec les autres. Les patients qui suivent une RMT subissent souvent une aggravation de leurs symptômes au fur et à mesure que leur traitement progresse, avec des perturbations correspondantes dans leur vie personnelle. Peu de thérapeutes demanderont une consultation pour clarifier le problème, pensant au contraire qu’il est dû à des sévices sexuels pires que ceux que l’on pouvait imaginer.

Dans une déclaration récente, l’Association Psychiatrique Américaine (APA) a confirmé une prise de position antérieure, que l’hypnose n’est pas fiable pour un recouvrement valide des souvenirs.

N.B. Les quelques éléments de cet article proviennent de la version corrigée d’une étude publiée en 2002 dans le SKEPTIC Magazine