Paris : le gynécologue adepte de la «méditation orgasmique» aurait fait plusieurs victimes

Paris : le gynécologue adepte de la «méditation orgasmique» aurait fait plusieurs victimes

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Cécile Beaulieu | 29 mai 2019, 18h25| MAJ : 29 mai 2019, 18h56

Prévenu d’agression sexuelle sur une patiente, le gynécologue parisien aurait fait d’autres victimes. Le procès a été renvoyé pour que toutes ces femmes soient entendues.

Le 29 mai 2019 à 18h25, modifié le 29 mai 2019 à 18h31

Marie * ne serait pas la seule victime du gynécologue. Alors que le médecin parisien, septuagénaire, devait être jugé pour avoir agressé sexuellement la jeune femme de 26 ans, en 2016, dans son cabinet du nord de Paris, c’est un véritable coup de théâtre qui s’est joué devant la 10e chambre du tribunal correctionnel, où s’est présentée une seconde partie civile. Comme Marie, Sophie *, 30 ans, affirme avoir subi les assauts du praticien, des attouchements buccaux, et même une pénétration. Comme Marie, elle lui a demandé d’arrêter… Et l’homme a repris la consultation en toute indifférence. Comme Marie, encore, dans un état de sidération totale, elle a réglé le médecin sans un mot.

La police judiciaire retrouve des victimes

Retour quelques mois en arrière : Sophie se décide à pousser la porte la porte du 2e DPJ (district de police judiciaire), pour dénoncer, enfin, l’agression dont elle a été victime. Immédiatement, le nom du gynécologue évoque aux enquêteurs une autre affaire, celle de Marie, et ils en réfèrent au parquet qui lance des investigations, répertorie méthodiquement les plaintes déposées, et recherche activement d’autres victimes potentielles.

Une expertise psychiatrique accablante

Outre Marie et Sophie, deux autres jeunes femmes sont identifiées : l’une n’a pas encore souhaité déposer plainte, et, pour la seconde, les faits, trop anciens sont désormais prescrits. « Mais l’affaire prend une toute autre dimension, souligne Me Marie-Alix Canu-Bernard, l’une des conseils de Marie. Nous pensions à un comportement isolé. Un médecin qui, brutalement, perd pied, mais il semble qu’il s’agisse d’un comportement en série, beaucoup plus inquiétant. D’ailleurs, termine-t-elle, la seconde expertise psychiatrique dresse le portrait d’un homme pervers et dangereux ». A la vue du dossier, le président décide de joindre les affaires et reporte leur examen à l’automne, dans une audience fleuve de 7 heures.

C’est sur les bancs du tribunal que Marie et Sophie se sont découvertes, et constaté leur étonnante ressemblance physique. Confronté, aussi, leur douloureuse expérience dans le cabinet du médecin, qu’elles avaient pourtant consulté à de multiples reprises avant d’être agressées.

Une séance de « méditation orgasmique »

Marie, elle, connaissait même le praticien, ami de sa famille, depuis l’enfance. C’est donc en toute confiance qu’elle se rend, ce 13 avril 2016, à sa consultation. Mais, rapidement, l’examen tourne au cauchemar. Délaissant toutes considérations médicales, le gynécologue propose à sa patiente une séance de « méditation orgasmique », étrange concept qui se traduira par des attouchements sexuels, si poussés, qu’une information judiciaire pour viol avait initialement été ouverte, avant que les faits ne soient requalifiés en « agression sexuelle par personne ayant autorité ». Le lendemain, le docteur avait envoyé à Marie un SMS d’excuses qui sonne comme un aveu. Aujourd’hui, il nie pied à pied à l’accusation, taxant sa patiente de « dévergondée » qui n’hésiterait pas à s’afficher en maillot de bain sur les réseaux sociaux, comme il l’a martelé lors de la première audience, au mois de janvier.

Des victimes très éprouvées

Très douloureusement éprouvée, Marie est toujours suivie par un psychologue. Quelques mois auparavant, Sophie passe la porte du gynécologue. Il la suit régulièrement car elle souhaite avoir un enfant. Cette fois, il n’est pas question de méditation orgasmique, mais là encore, la consultation dérape : effarée, la patiente découvre que les gestes du médecin n’ont rien avoir avec un examen médical : « Ça ne va pas ! », s’exclame-t-elle alors. Sans se départir de son calme, le praticien, rappelé à l’ordre, poursuit comme si de rien n’était, la consultation.

L’audience se tiendra le 24 octobre prochain.

* Les prénoms ont été modifiés