Les thérapeutes
Sommaire
Le 5 septembre 2006, la Présidente de l’association a été auditionnée à l’Assemblée nationale dans le cadre de la Commission d’enquête parlementaire relative à l’influence des mouvements à caractère sectaire et aux conséquences de leurs pratiques sur la santé physique et mentale des mineurs, présidée par Monsieur Georges Fenech.
Après avoir présenté l’association et les thérapies déviantes générant les faux souvenirs, les dégâts résultant de ces thérapies, elle a répondu aux questions posées par les Parlementaires présents. Cette audition a été consignée dans le rapport paru en décembre de la même année [1]
Pour cette audition, elle s’est appuyée sur son expérience au contact des familles.
Cette même expérience permet de dégager les analyses suivantes
Le nombre de thérapeutes
« Le nombre de thérapies ne cessant de croître, en conséquence, le nombre de psychothérapeutes ne cesse d’augmenter. Celui-ci s’élève, selon l’INSEE à 28.500 (psychothérapeutes, psychologues et psychanalystes) en 2005, ce qui représente une augmentation de 35,71 % depuis 1999. Si l’on considère les seuls thérapeutes (psychothérapeutes, psychologues et psychanalystes) inscrits au fichier des redevables professionnels, ce nombre est en augmentation de 72,321 % depuis 2000 »Le rapport du Sénat sur le projet de loi relatif à la politique de santé publique avançait en 2004 les chiffres suivants :
Environ 13.000 psychiatres et 15.000 psychothérapeutes exercent aujourd’hui la psychothérapie en France. Sur ces 15.000 psychothérapeutes, une forte majorité ne disposerait pas des diplômes exigés par le dispositif adopté par l’Assemblée nationale, c’est-à-dire qu’ils exercent librement leur art, parfois avec une extrême compétence, parfois au moyen de pratiques confinant au charlatanisme. L’enseignement est délivré par près de cinq cents écoles différentes et qui associent en général, travail sur soi, travail en supervision et confrontation des expériences entre pairs (…) Au total, entre trois et cinq millions de personnes recourraient chaque année à ces pratiques, le plus souvent de leur propre initiative et sans bénéficier d’une prise en charge par la sécurité sociale.Bien sûr, tous les thérapeutes ne sont pas déviants mais combien de pseudo-thérapeutes qui officient en catimini sont inconnus des organismes officiels ? Si chaque « thérapeute » a régulièrement en « thérapie » dix à vingt personnes, on peut raisonnablement estimer à plusieurs milliers le nombre de victimes de charlatans. Même le Conseil National de l’Ordre des médecins reconnaît avoir dans ses rangs environ 3000 médecins déviants L’observation des plaintes de plus de 400 familles, venues de tous les horizons, permet de dégager les différents types de thérapeutes déviants :
- 8 % Médecins – Psychiatres – Homéopathes
- 2 % Psychologues
- 12 % Psychanalystes – ou se revendiquant comme tels
- 68 % auto-proclamés, parmi lesquels nous trouvons : des kinésithérapeutes, des ostéopathes, des étiopathes, des masseurs, des ex-infirmiers (es), des travailleurs sociaux et bien d’autres encore. Ils se sont auto-proclamés psychothérapeutes, quelquefois sans aucune formation en psychologie. Ils sont le plus souvent formés à de multiples pratiques dans des instituts privés qui délivrent des diplômes ou des certificats sans aucune valeur ; ces formations sont très onéreuses, souvent étalées sur plusieurs années, avec un nombre d’heures obligatoire.
- 80 % des thérapeutes exercent en libéral et souvent en réseau
- 20 % des thérapeutes exercent en hôpital ou dans des C.M.P
Les lieux d'exercice
- 43 % Paris – Région Parisienne
- 57 % Province
dans certains Centres médico-psychologiques (CMP) ou en hôpital
Nous avons souvent des appels de parents accusés par leurs enfants majeurs qui consultent ou ont consulté un « psychothérapeute » dans un CMP ou en hôpital. Souvent leurs enfants ont été adressés à ces personnes par leur généraliste.
Il arrive qu’après un séjour en HPS d’un membre de la fratrie, souvent pour des problèmes de drogue ou une tentative de suicide, les parents, voire les frères, se trouvent accusés d’inceste par la personne hospitalisée.
Nous pensons qu’il serait opportun que le Conseil National de l’Ordre des Médecins sensibilise les généralistes et les spécialistes aux problèmes des thérapeutes déviants. C’est ce à quoi nous nous sommes employés lors de nos précédentes rencontres avec la Secrétaire Générale du Conseil National de l’Ordre des Médecins à Paris.
Pourquoi une thérapie ?
A chaque rencontre avec les parents accusés, nous posons la question : « savez-vous pourquoi votre enfant a entrepris une thérapie ? » Nous leur expliquons alors que, quelle que soit la raison, le charlatan trouvera dans le discours de leur enfant matière à développer, à critiquer et à faire accuser les parents.
Les réponses sont diverses :
- Certains savent ou supposent :
les enfants présentaient différents troubles psychiques passagers liés à la dépression, le surmenage – Problèmes de couple – professionnels – relationnels – le rejet de vivre « la même vie » que leurs parents. - D’autres l’ignorent, mais mettent en avant les difficultés que leur enfant a pu rencontrer depuis son enfance ou son adolescence.
- La jalousie : un enfant unique qui devient jaloux lors de l’arrivée d’un petit frère, d’une petite sœur, les parents pensent que cela va passer et cela ne passe pas, même si l’on n’en parle pas, et cette jalousie ressort des années après sur le thème « vous avez toujours préféré mon frère, ma sœur » , à mon désavantage .. ou tout simplement la jalousie entre frère et sœur : l’un a bien réussi, l’autre moins bien…
- Un enfant qui, petit, a souffert d’un problème de santé qui a laissé des séquelles, il a alors été surprotégé par ses parents, et en thérapie ce problème deviendra la faute des parents et le point essentiel des accusations.
- Une enfance solitaire au milieu d’une fratrie remuante, des parents débordés qui n’y ont pas pris garde..
- Un enfant unique, trop choyé, qui, enfant, a tout eu avant de le demander et qui, arrivé à l’âge adulte, se trouve confronté à la vie et réalise que les parents ne sont plus là pour « niveler le terrain » devant lui…
- Des parents qui, eux-mêmes, ont souffert dans leur enfance et qui ont trop donné, ou pas assez, à leurs enfants faute d’en avoir eu l’exemple chez eux.
- Il y a également les enfants adultes qui sont en recherche de quelque chose, quoi ? … qui n’avaient aucune raison de consulter un thérapeute mais qui y sont allés « pour voir » parce que dans leur entourage il y a toujours une amie d’une amie, « qui a rencontré la meilleure personne pour les écouter »…
C’est comme l’adolescent qui fume son premier joint, pour faire comme les copains et qui devient accro au fil des années aux drogues de plus en plus dures. - L’enfant adulte qui consulte le web et lit des livres sur l’inceste et le viol, puisqu’ à la suite de différentes affaires sordides l’inceste est devenu le discours médiatique, et qui fantasme et pense que « cela aurait pu ou a dû lui arriver » ..
- Enfin, l’homosexualité d’un enfant garçon ou fille, tardivement acceptée par l’intéressé (e) et qui deviendra la faute, du père, de la mère, des grands-parents etc..
- Certains savent ou supposent :
Ces exemples sont un échantillon des reproches qui peuvent être faits aux parents, de leurs « manquements » qui ont amené leurs enfants en thérapie. Ils sont pour les thérapeutes-charlatans autant de preuves de la culpabilité des parents.
A cet échantillon de raisons qui font que le jeune adulte, se trouvant mal dans sa peau, entreprenne une thérapie, s’en ajoute une autre que notre analyse des victimes de charlatans a mis en évidence. Il s’agit de la pression sociale.
En effet, parmi les victimes :
- 52 % sont célibataires
- 11 % sont divorcées
- l’âge moyen des accusations est de 36 ans aujourd’hui.
- les enfants accusateurs sont à 82 % des femmes.
Pourquoi ces victimes sont-elles encore célibataires à 36 ans et plus ? Les raisons sont nombreuses :
- Il s’agit très souvent de jeunes femmes qui ont fait de longues études, avec succès.
- Elles se sont ensuite données entièrement à leur situation professionnelle.
- Elles sont souvent en pleine réussite professionnelle (avant leur rencontre avec le charlatan)
Nous savons tous, encore plus aujourd’hui, que pour réussir dans son milieu professionnel une femme doit être encore plus performante qu’un homme, pour être reconnue à sa juste valeur, elles sont ainsi dans une position de stress permanent.
Elles se trouvent donc à près de 35 ans la plupart, seules. Bien sûr, elles ont des amis, une vie confortable, elles font des voyages. Elles ont des « petits amis » mais pas de petit ami durable, parce qu’à plus de 30 ans, on devient difficile… malgré leur désir d’enfants. De plus, les parents sont souvent éloignés, la fratrie mariée avec des enfants, et lors des réunions de famille ces jeunes femmes se sentent « en marge » de la famille. Bref, la pression sociale, la pression professionnelle, la pression médiatique : il faut être toujours plus performant, plus beau et plus heureux.
Et elles sont amenées à consulter et deviennent la « proie rêvée » du premier charlatan qui se présentera.
Les pratiques
Les pratiques des thérapeutes déviants sont toutes les mêmes, elles reposent sur la manipulation mentale et l’emprise mentale. Ces thérapeutes usent de leur pouvoir de suggestion pour arriver à induire à leurs patients des traumatismes inexistants.
Le thérapeute a une influence directe sur le patient, il peut user d’une réelle emprise (plus subtile et plus inconsciente) par l’hypnose. Plus grave encore : il initie, encourage, stimule et amplifie l’agressivité du patient vis à vis de « l’abuseur » supposé, souvent le père, le grand-père, le frère et parfois la mère.
Le processus de la manipulation mentale
Ces « thérapeutes » utilisent à des fins perverses de persuasion et de conditionnement :
- la technique cognitive qui altère l’esprit critique du patient
- la technique comportementale, qui, en lui faisant perdre son libre arbitre, modifie sa manière de vivre
- la technique affective qui procède en trois temps :
- séduction
- destruction des attaches du passé, qui crée un vide, favorisant alors
- l’induction du Faux Souvenir.
- Séduction du thérapeute vis à vis de son patient/client, il flatte son ego, Séduction dans son discours de guérison des supposés traumatismes ou de sa maladie – séduction pour l’amener à une reconnaissance professionnelle – etc…
- Destruction des liens qui rattachent le patient à son passé, sa famille, ses amis, ses habitudes, voire de son milieu professionnel.
- Induction des faux souvenirs : maltraitance, abus sexuels. Le patient ne passe plus le discours du thérapeute au filtre et n’a plus de jugement personnel, plus de repères sur sa vie affective, professionnelle et sociale.
Le thérapeute agit alors en maître absolu et dirige la vie de son patient.
Pour tous ces thérapeutes déviants, la pratique est la même : considérer que toutes les souffrances de leurs patients viennent de traumatismes subis dans la petite enfance, ces traumatismes étant la maltraitance et l’inceste. Si le patient dit ne pas s’en souvenir, le thérapeute affirme qu’il a occulté son traumatisme et que la thérapie va l’aider à retrouver ses souvenirs et l’amener à la guérison. Il commence alors son travail de destruction et d’intrusion dans l’esprit de sa victime et le charlatan n’aura de cesse de « retrouver » ou « faire retrouver » ce fameux souvenir d’inceste. Une fois le souvenir « retrouvé », la victime est persuadée d’avoir subi un inceste ; c’est alors que commence une dangereuse descente aux enfers pour la victime et sa famille.
Delphine GUERARD, psychologue-clinicienne, décrit ces pratiques dans le Journal des psychologues (décembre 2008 – janvier 2009)
– de la Position de toute puissance et de tout pouvoir du thérapeute : dans une démarche inquisitrice grâce à la suggestion et à sa force de persuasion, le thérapeute recherche la vérité pour guérir. Il adopte une position interventionniste de justicier et propose des solutions ».
d’embrigadement théorique : « La Théorie » n’est pas à considérer comme un ensemble d’hypothèses à interroger, mais sacralisée, elle explique tout et « marche à tous les coups ».
Le thérapeute préconise comme « nécessaire » a sa victime de diffuser auprès de la fratrie et de toute la famille élargie, les amis, les « supposés » abus des parents. Survient alors la zizanie dans les familles, avec la fratrie d’abord, ensuite avec la famille élargie, les amis. Les personnes qui « croiront » la victime, seront considérées par l’enfant accusateur comme « bons » les autres, deviendront « persona non grata ».
Il en est de même pour les compagnes ou compagnons des patients (tes). S’ils adhèrent au discours du thérapeute, c’est-à-dire, s’ils acceptent de participer et de payer les séances sans rien dire, ils sont également considérés comme « bons ». S‘ils émettent des réserves quant au bien fondé de la thérapie, le thérapeute n’aura de cesse que de faire séparer les couples, sans se préoccuper des jeunes enfants du couple. Ils ont tous le même argument : la compagne ou le compagnon ne leur correspond pas et les freine dans leurs ambitions.
Il faut savoir que la personne qui a été manipulée par le thérapeute, deviendra à son tour « manipulatrice ».
Beaucoup de parents nous ont parlé du livre de Susan Forward – TOXIC PARENTS sorti en 1989 – Parents toxiques – réédité en 1991 – 1994 – 1997 – 1999 – 2000 – chez Stock (il a donc un certain succès (…). Ce livre est la « bible » des thérapeutes déviants et des enfants accusateurs. Les thèmes de ce livre ont d’ailleurs été repris par plusieurs auteurs français traitant de l’inceste, vrai ou supposé, des enfants.
Les mêmes conseils sont donnés aux « victimes d’abuseurs » et la même stratégie à suivre pour « confondre » son abuseur et lui demander réparation.
Pour guérir, l’enfant-accusateur doit se confronter à ses parents, soit par lettre, s’ils habitent une autre ville, soit par téléphone, soit de vive voix. Le courrier envoyé sera vu et corrigé par le thérapeute avant d’arriver chez « l’abuseur », souvent le thérapeute préconise que la victime adresse un second courrier au « parent silencieux !! ». Nous avons pu le vérifier …
La préparation à la confrontation téléphonique ou de vive voix, est mûrement préparée et se fait avec le thérapeute, et parfois le groupe, au moyen de jeux de rôle, le thérapeute empruntant le rôle de l’abuseur, ou par séances d’auto-hypnose pour « tenir le choc » de ces révélations. Il est même recommandé : vous devez répéter, répéter, répéter, avant cette confrontation …
Nous pouvons affirmer, en recoupant les témoignages, que les recommandations sont toutes les mêmes et se résument de la manière suivante :
- Vous devez demander à votre « agresseur » qu’il reconnaisse les faits. S’il clame qu’il ne s’en souvient pas, demandez-lui quand même de reconnaître les faits : bien qu’il ne s’en souvienne pas, ils sont sûrement véridiques … !!
- Voici comment vous devez aborder votre agresseur :
- Je vais vous dire des choses que je n’ai jamais dites auparavant : les parents ne doivent pas interrompre leur enfant,
- Les griefs envers « l’agresseur » :
- voici ce que tu m’as fait
- voici ce que j’ai éprouvé à l’époque
- voici quel effet cela a produit sur ma vie
- voici ce que j’attends de toi à présent.
L’enfant accusateur peut alors proposer à son « agresseur » de « suivre une thérapie ». Quant aux réparations, elles sont souvent (pour ne pas dire toujours) d’ordre financier pour, d’abord servir à « payer les séances de thérapie » afin d’assurer la « guérison ».
Il y a une dizaine d’années, la méthode la plus utilisée était la lettre d’accusation aux parents, mais depuis quelques années, les accusations se font par téléphone : « la victime », dans un état second, accuse ses parents de tous les maux de la terre et les rend responsables de ses échecs.
Puis, de plus en plus, les « victimes » viennent accuser leurs parents, sur rendez-vous, à l’extérieur ou au domicile, avec interdiction pour les accusés de dire quoi que ce soit, sauf de reconnaître les forfaitures. Les parents nous disent qu’ils ne reconnaissaient plus leur enfant (fille ou garçon) tant il était dans une extrême colère, agressif, violent et injurieux, certains nous ont même dit qu’ils pensaient que leur enfant avait été drogué… Enfin, pour d’autres, la confrontation a lieu dans le cabinet même du thérapeute.
Quel est leur intérêt ?
Nous pouvons affirmer que les thérapeutes libéraux n’ont pas parmi leurs patients des personnes avec de petits salaires, encore moins au chômage ou au RMI. Il savent « sélectionner » leur clientèle. Les faux souvenirs touchent toutes les catégories socio-professionnelles, surtout les plus élevées. Pourquoi ?
D’abord pour les revenus confortables qu’ils assurent au thérapeute. Ensuite, on peut remarquer que certains enfants, très diplômés et occupant une place élevée dans la hiérarchie professionnelle, sont sujets à être manipulés : continuellement sous pression, ils présentent une certaine fragilité psychologique, ils sont donc prêts à croire tout ce que le thérapeute leur suggérera.
Comme tous les manipulateurs, les charlatans jouissent du pouvoir qu’ils ont sur leur patient et celui-ci deviendra dépendant de son thérapeute comme le drogué devient dépendant de son dealer.
Les enjeux financiers : tout comme aux USA certains thérapeutes ont fait leur fonds de commerce avec la maltraitance, l’inceste et la pédophilie.
Au début de cette vague d’accusations, nous pensions que certains thérapeutes étaient de doux utopiques, persuadés être dans le vrai. On nous accusait alors de naïveté.
Les réseaux
Beaucoup travaillent en réseau. Lorsque les parents viennent vers nous avec le nom du thérapeute de leur enfant majeur, nous remarquons souvent que ce denier, œuvre à titre individuel et aussi dans des associations Loi 1901, avec d’autres pratiques. Nous constatons également qu’après quelques mois, ou quelques années de thérapies, certains thérapeutes « conseillent » à leurs victimes de consulter un de leurs collègues, ami bien entendu, qui pourra, par d’autres méthodes, les amener à la « guérison ». Il s’agit toujours du même discours.
Leurs dérives
Nous rencontrons des thérapeutes déviants qui œuvrent comme certains mouvements sectaires :
Emprise totale du thérapeute sur ses patients
Rupture imposée avec la famille, les amis, voire le milieu professionnel
La parole du thérapeute n’est pas à mettre en doute : « il sait »
Le thérapeute réorganise la vie de ses patients à sa façon
Embrigadement par groupes cloisonnés
Imposition de l’omerta à l’extérieur du – des groupes –
Les « séances » de thérapie hors de prix
Les « punitions financières » si l’un des membres du groupe désobéit au leader et surtout,
L’impossibilité, ou presque, de « s’échapper « du groupe sans pression ou menace du groupe sur le « dissident ».
Certains thérapeutes ne respectent pas la distance thérapeutique
Il arrive qu’ils aient des relations sexuelles avec leurs « patientes », (c’est paraît-il recommandé pour la thérapie !) quand d’autres préconisent que la thérapie doit se faire « nu » afin que les vêtements n’empêchent pas la « vérité » d’émerger. !
Nous avons reçu des parents en détresse, leur fille accusatrice est devenue « l’amie » de son gourou-thérapeute. Ce dernier a souvent l’âge des parents de la jeune femme (souvent âgée de 20 à 25 ans). Ces jeunes femmes lâchent tout pour suivre leur gourou : études, familles, amis…. Certaines vivent avec leur thérapeute, d’autres l’ont épousé. Les parents sont très inquiets pour l’avenir de leur fille et la progéniture à venir.
Stages de développement personnel et salons bien-être
Des parents et grands-parents nous ont également signalés la rupture avec leurs enfants et petits-enfants, à la suite de différents stages de développement personnel effectués dans un cadre professionnel, ou à titre individuel. Parfois avec un thérapeute qui travaille avec un groupe. Parfois suite à la participation à différents salons dits du « bien-être » effectués par leurs enfants.
Et c’est le même cheminement : la situation initiale est satisfaisante, les enfants ont une bonne situation, les relations avec les parents sont au beau fixe, puis la jeune femme commence un stage dit de « bien-être », d’abord un week-end, pour voir, souvent gratuit pour allécher la future victime, puis régulièrement jusqu’à y entraîner son conjoint.
Ensuite la compagne pratique le yoga, à fortes doses, passe tout la famille à l’alimentation bio, rejette les produits carnés, le compagnon se doit de suivre, puis vient le refus de la médecine allopathique : elle soigne la famille par les plantes. Tout cela sous la férule du thérapeute, du « psy » ou du prof de yoga…
Commencent alors les reproches envers les parents : maltraitance, inceste et la rupture avec la famille est totale. Les grands-parents désemparés viennent vers nous chercher de l’aide et se demandent même si les petits-enfants, nés depuis la rupture et qu’ils ne connaissent pas, ont bien été vaccinés.
Déjà, dans son Rapport 2005, la Miviludes tirait la sonnette d’alarme [3]
Vers le mieux être
(…) « La mode du développement personnel, de l’introspection, d’un certain retour à la spiritualité se conjugue actuellement avec une exigence forte de retour à ses racines, de vie saine en communion avec la nature, et de respect des traditions. Cette tendance portée par la mouvance new age favorise le néo-chamanisme occidental, mouvance au sein de laquelle les pratiques de soins et les rituels de guérison se vivent comme une véritable quête initiatique et où l’usage de substances hallucinogènes, souvent officiellement classées dans notre pays comme produits stupéfiants entraînent des états modifiés de conscience associés à des risques vitaux et à d’éventuelles modifications de la personnalité.
Là encore, d’éventuelles dérives à caractère sectaire peuvent survenir au sein des micro-groupes adoptant ces pratiques et qui tendent aujourd’hui à se multiplier en empruntant quelquefois des visages inattendus opérant une sorte de syncrétisme entre les pratiques chamaniques et les traditions locales héritées par exemple du druidisme celtique . » (…)
Praticien plutôt que médecin pour contourner la loi
(…) « Certains médecins reconvertis dans une thérapeutique non conventionnelle n’hésitent pas, pour échapper aux sanctions éventuelles des instances ordinales, à décrocher leur plaque professionnelle ou à demander d’eux-mêmes leur radiation de l’ordre, préférant se positionner face à leur clientèle comme praticien, voire guérisseur.
« Mais qu’ils soient anciens médecins ou non, la qualité de « praticien » que certains gourous des médecines alternatives revendiquent n’empêche pas les moins scrupuleux d’entre eux d’agir en toute illégalité, en établissant des diagnostics voire en dressant de pseudos ordonnances. La plupart du temps cependant, les promoteurs de techniques thérapeutiques non validées se protègent des foudres de la loi en affichant leurs bonnes intentions sur les premières pages de leur site : « notre technicité ne remplace pas le diagnostic médical fait par un docteur en médecine, les traitements proposés chez nous viennent en complément de la médecine », des propos rassurants que viennent généralement infirmer quelques pages plus loin des offres de soins aux prétentions curatives, toujours assorties de précautions d’usage. » (…)
Une approche déclinable suivant les publics visés
(…) « L’approche psychologisante se développe au cœur des prestations de santé. Le principe selon lequel, le sujet atteint d’une pathologie où ses ascendants directs seraient responsables de la maladie développée, indépendamment des facteurs génétiques ou environnementaux, se décline désormais en autant de solutions thérapeutiques que de publics à toucher et donc de marchés potentiels à conquérir. »
« Devant la profusion des offres thérapeutiques psychologisantes, à la validité non éprouvée mais souvent à forte rentabilité, la vigilance reste plus que jamais de mise comme l’atteste l’exemple de la communication facilitée sur laquelle l’Ordre national des médecins a, dans le courant de l’année 2004, émis les plus grandes réserves. » (…)
L’infiltration des professions médicales et paramédicales
(…) « Il apparaît, dans le domaine de la santé encore plus qu’ailleurs, une vraie difficulté à évaluer dans les différents types de dérives recensées, où s’arrêtent les cas de pur charlatanisme relevant de la simple escroquerie individuelle et où commencent ceux illustrant une stratégie délibérée d’emprise sectaire. À cet égard, la constitution d’un maillage de thérapeutes relais et/ou de médecins prescripteurs visant à étendre l’influence doctrinale d’un mouvement contesté, véritable réseau de « franchisés » formés à des techniques inédites de soins et se déployant sur un territoire de plus en plus large semble bien être l’une des caractéristiques essentielles qui puisse en témoigner dès lors que cette politique commerciale agressive s’ajoute aux critères de dangerosité couramment admis (notamment la rupture avec l’environnement familial, l’altération de la personnalité du sujet, l’embrigadement des enfants, l’infiltration des pouvoirs publics).
« Brochures publicitaires, entretiens personnalisés, démarchage de groupes réputés sectaires auprès des médecins, des pharmaciens et des chirurgiens dentistes pour proposer formations et collectes constituent autant de techniques régulièrement dénoncées par les instances ordinales de ces professions. » (…)
En conclusion
Nous pouvons considérer que les pratiques des thérapeutes-charlatans, quelle que soit la méthode utilisée, sont les mêmes. Ils n’ont rien inventé, ils ont repris les pratiques des « thérapeutes » américains des années quatre-vingt
Nous sommes curieux de savoir comment les charlatans qui ont troublé l’esprit de nos enfants, élèvent ou ont élevé leurs enfants, et comment ceux-ci se comportent avec eux aujourd’hui.
Extraits de presse
Extrait de lejdd.fr du 19.05.2009 La Miviludes cible les faux psys
Comme chaque année depuis sa création, en 2002, la Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires a publié son rapport annuel. A l’occasion d’une conférence de presse mardi, son président, Georges Fenech, a dénoncé le « dévoiement des pratiques psychothérapeutiques à des fins sectaires ». Les médecines dites alternatives sont notamment visées.
Le président de la Miviludes, Georges Fenech, a présenté mardi le détail du rapport 2008.
« Une explosion de la bulle psy accompagnée de nombreuses déviances. » Voici le nouveau chantier de la Miviludes, auquel le rapport 2008 consacre une large part. […][1] L’enfance volée – Les mineurs victimes des sectes http://www.ladocumentationfrancaise.fr/rapports-publics/064000906/