Imprescriptibilité : L’AFSI monte au créneau

Courrier adressé à l’attention des Co-présidents de la Ciivise.

Paris, le 27 Novembre 2023
CIIVISE

A l’attention de Monsieur et de Madame les Co-présidents de la Ciivise.

Madame, Monsieur,

Après avoir parcouru votre Rapport et avoir entendu les médias,  nous avons compris que la Ciivise proposait,  pour venir en aide aux enfants victimes de violences sexuelles dans leur jeune âge,  l’imprescriptibilité judiciaire pour ces faits commis par des adultes, alors qu’elle est actuellement de 30 ans après la majorité.

Toutefois il faut être très prudent et faire la différence entre les victimes d’abus sexuels qui s’en sont toujours souvenus, même si elles n’en parlaient pas,  et les victimes de présumés traumatismes découverts au cours d’une thérapie sur la recherche des souvenirs de la petite enfance, alors qu’elles n’en n’avaient  aucun souvenir avant d’entamer la thérapie.

Pour preuve, en 2018, dans la revue « Cerveau et psycho » ,  Monsieur Gérard Lopez, Psychiatre, Président fondateur de l’Institut de victimologie de Paris, vice-président du Conseil national professionnel de médecine légale et expertise médicale, lançait une alerte  très importante :

« Alerte aux « victimes » imaginaires »

« Depuis que la parole s’est libérée sur le harcèlement et le viol, les centres d’accueil de victimes voient arriver de plus en plus de personnes en souffrance croyant à tort avoir été violées dans leur enfance.
Et il explique : « Depuis la chute du producteur Harvey Weinstein, les plaintes pour viol,  agression ou harcèlement sexuel se sont multipliées.
« Des sites internet ont vu le jour, proposant aux femmes de dénoncer les agressions dont elles ont été victimes. Cette libération de la parole est salutaire, mais elle engendre un nouveau risque : celui de susciter des souvenirs d’agression fictifs, ressentis comme réels, mais entièrement produits par le psychisme.
« La mémoire est un processus biologique fragile et influençable. Ce n’est pas faire injure aux vraies victimes que de mettre en garde contre un processus d’emballement qui pourrait conduire certaines personnes à penser avoir été agressées ou violées sans que cela se soit réellement  produit.
« Pourquoi soulever cette question qui peut être douloureuse pour certains plaignants ou plaignantes ?
Aux Etats Unis un scandale des faux souvenirs.
« Dans les années 1980, de nombreux thérapeutes américains ont soutenu qu’il était possible de faire ressurgir des souvenirs de violences sexuelles au cours d’une thérapie, notamment l’hypnose et autres techniques, de régression en âge notamment (lors de séances, le patient revisite sa vie en sens inverse, en état d’hypnose).
« Le Mouvement des souvenirs retrouvés a même publié un guide décrivant les nombreux symptômes possiblement consécutifs à des violences sexuelles oubliées.
« Des patients  ont accusé à tort des proches de les avoir violés. Les conséquences ont été dévastatrices autant pour les accusés parfois condamnés, que pour les plaignants déboutés, les familles, les professionnels de la Justice et de la santé impliqués… »

Certaines victimes présumées se sont retournées contre leur thérapeute et ont été reconnues victimes de leurs charlatans. Elles ont intenté des procès contre leur thérapeute qu’elles ont toutes gagnés.

Depuis les Cours de Justice américaines sont devenues très prudentes dans le cas d’accusations tardives de patients adultes.

Présidente de l’Association AFSI : Alerte Faux Souvenirs Induits– depuis sa création en Juillet 2005,

Notre association lutte contre les dérives sectaires dans le domaine de la santé, les thérapies en particulier.

Toutes les dérives de thérapeutes souvent autoproclamés sont notre principale préoccupation puisque notre association a recensé plus de mille-trois-cent  familles venues de toute la France et Belgique, ce qui représente plusieurs milliers de victimes, dont les enfants majeurs sont manipulés par des thérapeutes charlatans qui usent de leur pouvoir de suggestion pour induire via diverses techniques de manipulations mentales des traumatismes inexistants dans l’esprit de leurs patients entraînant chez eux une destruction psychologique grave et durable ainsi qu’une rupture avec leur famille et que nous appelons « les faux souvenirs induits ».

Lorsque les patients disent à leur thérapeute  n’avoir aucun souvenir de traumatisme, leur thérapeute leur dit qu’ils souffrent « d’amnésie traumatique » réplique devenue très à la mode et  qui n’a jamais été prouvé scientifiquement et sa thérapie va leur faire retrouver les souvenirs enfouis.

Cette pratique entraine la destruction des familles et la perte du lien qui existait entre les grands-parents et les petits-enfants.


Nous insistons sur le fait qu’il ne s’agit pas pour notre Association de nier ni de minimiser la réalité des abus sexuels, de l’inceste et de la maltraitance des jeunes enfants, qu’il faut combattre bien évidemment.

Il ne s’agit pas non plus de dire que toutes les psychothérapies sont négatives. Mais il nous semble essentiel de dénoncer les thérapies déviantes générant les Faux Souvenirs Induits par les thérapeutes eux-mêmes et les conséquences qu’elles entraînent sur les personnes, d’autant qu’elles nuisent fortement au combat légitime des vraies victimes.


Madame, Monsieur,  avant de faire voter cette Loi sur l’imprescriptibilité des violences faites aux jeunes enfants, ne faudrait-il pas  que tout le monde soit d’accord sur l’existence de ces traumatismes, comme pour les auteurs du livre « la familia grande » qui eux n’avaient jamais oublié.

Si pour les jeunes enfants qui se souviennent il n’y a pas de problème, nous sommes plus circonspects sur les accusations tardives de personnes qui dénoncent des faits qui se seraient produits plusieurs décennies auparavant, dont elles disent n’en avoir pas le souvenir  et qu’elles découvrent au cours ou à l’issue d’une thérapie.

Il faudrait que la présumée victime adulte,  et même plus qu’adulte puisque de plus en plus âgée, apporte la preuve  des  violences qu’elle aurait subies et que cela soit corroboré par des spécialistes de la mémoire.

Depuis les confinements, nous avons vu une floraison de nouveaux thérapeutes, oeuvrant sur les réseaux sociaux, se disant « diplômés » mais  qui  n’ont en fait qu’un certificat reçu à l’issue d’un stage à minima, certains avancent même être diplômés d’écoles étrangères avec des noms de spécialistes invérifiables, quand  d’autres qui n’ont pas fait d’études en psychologie ou psychopathologie forment leurs patients à leurs pratiques,  qui  s’installeront  ensuite,  en prônant « l’amnésie traumatique ».

Tant que la pratique de la psychothérapie ne sera pas règlementée par un vrai diplôme, tout comme les psychologues, nous verrons encore longtemps des thérapeutes en tous genres,   fleurir à tous les coins de rue, et  qui continueront à faire de nombreuses victimes.

Depuis ces confinements, notre association a reçu un nombre très important de parents odieusement accusés par leurs enfants majeurs et même plus que majeurs puisque certains approchent la cinquantaine.

Madame, Monsieur,  nous joignons en annexe à ce courrier la reconnaissance de notre association par les Institutionnels depuis sa création.

Nous espérons, Madame, Monsieur,  que vous tiendrez compte de nos observations et nous nous tenons à votre disposition pour vous rencontrer si vous le jugiez nécessaire.

Veuillez croire, Madame, Monsieur,  en l’assurance de notre considération distinguée.

La présidente
Claude Delpech