Dégonfler les mythes Sur les traumatismes et la mémoire

Dégonfler les mythes Sur les traumatismes et la mémoire

Auteur : Richard Mc Nally,

professeur de psychologie à l’université de Harvard et expert sur les troubles de l’anxiété. Son travail a surtout porté sur les troubles anxieux, mais il a également étudié le fonctionnement cognitif des adultes déclarant des antécédents d’abus sexuel dans l’enfance.

Article publié in   CANADIAN JOURNAL PSYCHIATRY
Volume 50 n° 13 – Nov. 2003

La mémoire ne fonctionne pas comme un caméscope

Se souvenir c’est reconstruire (et non reproduire) ce qui fait appel à plusieurs zones du cerveau.

Ainsi des flashbacks ou des rêves ne peuvent être des films du passé.

Le corps a t’il une mémoire qui lui est propre ?

On prétend que des sujets oublient totalement un trauma mais que le corps en garderait l’empreinte (keep the score). « le corps se souvient même si l’esprit ne peut pas » . Cela autoriserait des thérapeutes à interpréter certains signes (rêves, sensations intenses, conduites d’évitement etc…) comme des souvenirs implicites de souvenirs dissociés du trauma.

Cette théorie a entraîné la plus grave catastrophe qui ait frappé le champ de la santé mentale depuis l’ère de la lobotomie…

La mémoire implicite ne peut être considérée comme une mémoire narrative et elle ne montre pas trace de ses origines. Ainsi, des crises de panique spontanée ne peuvent être prises pour un souvenir dissocié d’abus sexuel.

Il n’existe aucune preuve convaincante de l’existence de souvenir implicite sans souvenirs explicites :

 … « quand le corps garde le souvenir, l’esprit le garde aussi … »

Points importants :

  • Les souvenirs sont rarement, voire jamais, oubliés
  • Ces souvenirs sont souvent très forts mais pas immuables (la mémoire ne fonctionne pas comme un caméscope)
  • Ne pas penser à un traumatisme pendant une longue période n’est pas la même chose que de ne pas pouvoir s’en souvenir.

L’oubli de la petite enfance n’est pas amnésie traumatique :

La maturation du cerveau et les changements cognitifs font qu’on se souvient de très peu de choses précédant l’âge de 5 ans. Cela inclut les événements traumatiques.

REMARQUE FINALE

Le fait qu’un souvenir soit rapporté de façon détaillée, que son auteur se montre convaincu de ce qu’il dit et que sa relation s’accompagne d’émotion ne certifie pas qu’il correspond à un événement réel.