Pendules, numérologie, huile bénie et autovaccin fécal… les drôles de méthodes d’un ex-médecin condamné à 6 mois de prison avec sursis

Pendules, numérologie, huile bénie et autovaccin fécal… les drôles de méthodes d’un ex-médecin condamné à 6 mois de prison avec sursis

Déjà radié (à trois reprises !) par l’Ordre des médecins, le Dr Gérard X. a été condamné début avril par le tribunal correctionnel de Rennes à six mois de prison avec sursis. La justice lui a reproché d’avoir pratiqué de manière illégale la médecine entre septembre 2011 et décembre 2015.

Malgré sa radiation, cet ancien chirurgien urologue, octogénaire, préconisait notamment à ses clients un vaccin réalisé à partir de leurs propres matières fécales. « J’ai exercé sous le nom de consultant » s’est défendu Gérard X. qui dit avoir poursuivi son activité « parce que des gens[le] suppliaient ». Le praticien de Rennes se présente comme un défenseur d’une médecine alternative.

« Mes patients étaient conscients que la médecine française, ce n’est que du fric ! Chaque année, les médicaments causent 30 000 à 40 000 décès », a-t-il expliqué lors de l’audience, selon les propos rapportés par « Ouest France ». Sauf que le passé sulfureux de ce médecin ne plaide pas en sa faveur.

Fake médecine et charlatanisme

Cette condamnation n’est que l’épilogue d’un feuilleton qui remonte à la fin des années quatre-vingt-dix. À cette époque, le Dr Gérard X. est déjà dans le collimateur de l’assurance maladie et de l’Ordre des médecins pour ses pratiques peu orthodoxes.

En 2000, il est radié à vie par le conseil régional de l’Ordre de Bretagne pour « charlatanisme, manipulation mentale et comportement sectaire ». Mais il est réintégré par la section disciplinaire de l’Ordre national pour des questions de procédure. L’affaire sera rejugée en 2003 par le conseil régional des Pays de la Loire qui prononcera une nouvelle radiation. La décision du 14 avril 2003, que « le Quotidien » s’est procurée est édifiante.

Référence à la kabbale, colmatage de fuite énergétique…

On y découvre des pratiques d’un autre âge à travers les témoignages de plusieurs malades et de leurs proches. L’une de ces patientes, atteinte d’un cancer, décédera alors qu’elle était prise en charge par le Dr X. Dans les courriers qu’il avait rédigés, l’urologue se référait à des « pratiques ésotériques faisant appel notamment à la numérologie et à la kabbale ».

« Je ne vois plus de trace de cancer et dans un 2.4 (corne d’argent) très haut la preuve qu’Annick reconstitue Yetzinel. Mes satisfactions – .Yerod bas .Malkut normal […] »« vibratoirement, elle guérit bien son plan cancer », écrit Gérard X. à propos de cette patiente avant qu’elle ne décède. Plusieurs malades évoquent l’usage au cours des consultations de pendules, de pierres, d’icônes, de coquilles Saint-Jacques, d’huile bénite, de cierge devant des icônes.

À la recherche de la cheminée cosmo-tellurique

Le médecin fait référence à des colmatages de « fuites énergétiques », se rend au domicile des patients à la recherche d’une « cheminée cosmo-tellurique »… Lors d’un examen, il demande à un homme souffrant d’une affection rhumatismale de piétiner, les yeux fermés. La fois suivante, il lui passe un pendule sur le corps et applique une ampoule contenant un médicament sur son avant-bras.

Le conseil régional de l’Ordre reproche aussi au médecin de s’immiscer de manière malsaine dans la vie privée de ses patients avec la fâcheuse tendance à monter les membres d’une même famille les uns contre les autres. Il aurait ainsi persuadé certains patients que leur entourage était responsable de leur état « par les ondes négatives dont il était porteur ». Le mari d’une patiente se voit reprocher par cette dernière d’être à l’origine de son mal en raison du « noir cosmique » dont il est porteur. Le couple divorcera…

Le conseil de l’Ordre jugera l’ensemble ces comportements « d’une extrême gravité », estimant que Gérard X. contrevient aux articles 2, 31, 39 du code de déontologie médicale.

Réintégré par le Conseil national, puis de nouveau radié

Et pourtant… Nouveau rebondissement en 2004, l’urologue est réintégré en appel par le Conseil national au motif que les faits qui lui sont reprochés sont couverts par l’amnistie. Cette décision sera annulée par le Conseil d’État en 2005, et le médecin sera de nouveau jugé devant le Conseil national de l’Ordre des médecins en 2006. Sa radiation définitive prendra effet le 1er mai 2006. Ce qui ne l’empêchera pas quelques années plus tard, à plus de 70 ans, de reprendre du service en administrant à des « patients » des vaccins élaborés à partir de leur matière fécale.