L’infamille ou la perversion du lien

L’infamille ou la perversion du lien

Docteur en médecine, Neuropsychiatre et Psychanalyste – dans son livre  L’Infamille ou la perversion du lien, – Mai 2003 –
il décrit :
        • les conséquences des divorces houleux où le papa est privé de ses jeunes enfants
        • Et le processus des faux souvenirs –

Quelques extraits du livre :

Introduction

Les abus sexuels perpétrés sur des enfants, le plus souvent au sein même de la famille, ont toujours existé, mais ce n’est que depuis ces dernières années qu’il y a autant de plaintes d’abus sexuel de la part de jeunes, de procès contre des pères harceleurs, de demandes d’expertise concernant des pathologies incestueuses. Ce n’est que depuis la fin du siècle passé, particulièrement depuis l’affaire Dutroux, que les pédophiles suscitent tant d’inquiétudes.

Médiatisé sur fond d’exacerbation du sexe, affiché, provocant et ramené à la seule dimension de la jouissance, sur fond de démariage et d’amours trans-générationnelles, ce phénomène tout à fait contemporain a envahi les devants de la scène. Il interpelle les psychiatres, les psychanalystes, dans leur travail d’experts et dans leur pratique clinique, tant au niveau du diagnostic que du traitement, et préoccupe les autorités politiques et judiciaires.

Si, depuis 1897, on n’accusait plus le père de séduction, on assiste au retour du refoulé, avec pour conséquence l’oubli de l’enseignement freudien, concernant la sexualité enfantine. Durant la plus grande partie du XXe siècle, le complexe d’Œdipe avait déresponsabilisé les abuseurs et accablé les victimes. Par un renversement très repérable en Europe, il y a un peu plus de dix ans – et dix ans après les USA – ce sont les enfants qui sont idéalisés et les pères soupçonnés.

Que révèle ce phénomène ? Quelle nouvelle « inscription psychique de l’être-en-société » serait à l’œuvre dans son émergence ? A quelle zone de l’humain avons-nous à faire ? Quelles leçons peut-on tirer de ce malaise ? Quelles nouvelles pistes peut-on ouvrir ? (…)

(…) Je rendrai compte également de la littérature scientifique contemporaine sur le sujet en évoquant les enquêtes et les études qui indiquent une recrudescence des abus sexuels et abordent le problème des fausses allégations. .. (…)

Recrudescence des abus sexuels

« Oedipémie » et fausses accusations

A la lecture des textes et des livres sortis depuis dix ans, on voit assez clairement que la question des abus sexuels à l’égard des enfants préoccupent les gens depuis les années quatre-vingt-dix en Europe et, en Amérique, depuis les années quatre-vingts.

Il y a, entre les deux continents, un décalage d’environ une dizaine d’années. C’est donc intéressant de voir ce qui se passe en l’an 2000 aux Etats-Unis pour anticiper ce qui va arriver d’ici dix ans. Cette préoccupation précède largement l’affaire Dutroux. On a dès lors de nombreux textes sur le sujet. L’augmentation du nombre de plaintes, de procès, d’expertises et le suivi médiatique énorme qui leur est assuré donnent des idées a de nombreuses personnes…(…)

(…) Dans les ouvrages américains et canadiens sur les fausses allégations, on retrouve étonnamment cent ans plus tard, la grande question de Freud sur l’hystérie. Les symptômes du mal-être des femmes, jeunes et moins jeunes, prises aujourd’hui en charge en psychothérapie pour des problématiques dites « hystériques » (pas forcément…) , sont interprétés, dans la mouvance féministe et dans la paranoïa de l’abus sexuel, comme les traces d’un abus sexuel plus ou moins lointain. Des mouvements militants leur proposent de les aider à retrouver leurs souvenirs enfouis et oubliés d’abus sexuel qui expliquerait leur mal-être de femme, quinze ans, vingt ans, trente ans … après. Des femmes se retrouvent prises dans des dynamiques de groupe, au sein d’associations de femmes anciennes abusées, (ou supposées…) un peu comme dans les sectes fanatiques.

(…) Freud, lui, entendait les plaintes liées à l’abus sexuel et se demandait s’il était possible que tous les pères soient pervers. Aujourd’hui, les femmes ne se plaignent pas, au départ, d’abus sexuel, elles n’en ont aucun souvenir, mais par des méthodes d’induction ou de suggestion, en groupe ou autrement, elles en arrivent à être persuadées que l’abus a eu lieu. On assiste aujourd’hui en Amérique à une série de procès intentés par ces femmes sous influence, à leur père ou à une famille dite « disloquée ». Parfois le père se retrouve en prison sur la base de fausses allégations. A leur tour, les « accusés d’abus sexuel » font des procès aux psychiatres qui ont induit le souvenir. (…)

(…) On retrouve l’idée freudienne, à ceci près que Freud, lui, est revenu sur son hypothèse et a fait du trauma un fantasme. On est clairement face à des fantasmes oedipiens, dans ce sens où Freud l’entendait, de la part de jeunes filles ou de femmes qui présentent des problématiques hystériques, et qui s’interrogent sur l’amour du père, l’amour de l’homme, la féminité. Mais au lieu d’envisager un fantasme, on va faire des recherches poussées jusqu’à induire le souvenir d’un trauma sexuel qui n’a pas eu lieu. C’est en quelque sorte le retour du courant freudien mais à l’envers.

Concernant les outils diagnostiques, une abondante littérature fait apparaître clairement qu’il n’y a aucun diagnostic sûr et certain. Les symptômes attribués à un abus éventuel font partie de tous les symptômes psychopathologiques possibles et imaginables. (…)

(…) On est en réalité dans une mouvance où tout le mal-être de la femme doit être causé par l’abus sexuel. Si la femme n’en retrouve pas de trace dans sa mémoire on considère cet oubli comme faisant partie du processus et l’on s’acharne à retrouver à tout prix l’existence d’un abus. Les ouvrages consacrés au sujet décrivent bien les effets d’induction. En Belgique et ailleurs en Europe, on observe parmi les assistants sociaux, les psychopédagogues, les psychologues, les experts, un courant d’ « hystérisation collective » qui veut à tout prix démasquer le pédophile ou le père abuseur. On ne connaît pas encore la même situation qu’en Amérique mais on y va tout droit. Tous les manuels, tous les traités anglo-saxons et les ouvrages qui sont traduits en français montrent bien qu’il n’y a aucun critère de diagnostic pour être certain qu’ il y a eu un abus.

En même temps, des études très sérieuses démontrent que les symptômes qu’on pourrait croire liés à l’abus apparaissent aussi chez des personnes qui n’ont pas été abusées. (…)

 

N.B. Les mots :  plutôt incestueuses –  pas forcément et supposées – ont été rajoutés par l’AFSI.