Extrait de leplus.nouvelobs.com du 21.02.2015 : Faux viol, 3h de repos, 1200 francs la séance : un gourou m’a manipulée pendant 12 ans
Convaincre une personne qu’elle a commis un crime alors qu’elle est totalement innocente ? Cela s’appelle induire des « faux souvenirs » et c’est possible, comme l’explique une récente étude. Sophie B. en a subi les frais : un gourou, qui vient d’être condamné par la justice, lui a fait croire les pires atrocités pendant 12 ans. Elle raconte.
J’ai été sous l’emprise d’un gourou qui a créé chez moi des « faux souvenirs » pendant 12 ans. Lui s’autoproclamait « humanothérapeute », mais j’ai découvert bien plus tard que ce suivi n’avait rien d’humain, ni de thérapeutique.
M. B. faisait partie de ma famille par alliance, c’est comme ça que je l’ai rencontré. Dans le cadre des repas en famille, il expliquait ce qu’il faisait avec ses « patients ». Il racontait notamment que l’une d’elles avait revécu le jour où sa mère avait essayé d’avorter d’elle, sans y parvenir, c’était assez marquant.
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Tous ces éléments – totalement inconcevables –, alors qu’on est sous influence et en « conditionnement très rigoureux », conduisent au secret absolu.
Pendant la période d’emprise, révéler ce système s’avère impossible, car on en fait partie intégrante. Il y a altération de la conscience, avec dépendance absolue et mouvements régressifs. Les interactions avec les autres « patients » construisent un « huis-clos » insensé.
Aucun espace n’apparaît longtemps possible, pour repérer les atteintes permanentes aux libertés, et permettre d’émerger vers d’autres possibilités, de refus, puis de rupture. Après la sortie du groupe, quand elle peut advenir, c’est une étape difficile à aménager. Elle demande de dépasser la crainte et l’angoisse « d’être déconsidéré », et de surmonter le « vide » de la rupture des liens pathologiques qui s’étaient structurés.
Le principal est de réussir un jour à en sortir…