En France

Contrairement à ce que l’on pense, le phénomène des faux souvenirs n’est pas arrivé en France depuis la fin des années 1990. Ce problème des faux souvenirs était connu depuis près de 20 ans par les quelques spécialistes qui étudiaient les mouvements sectaires.

Dans un article, paru en 2005, intitulé « Mes vrais souvenirs des faux souvenirs incestueux », le Père Trouslard disait :

« …C’est la secte de Saint-Erme qui me fit découvrir, en 1982, le phénomène des faux souvenirs incestueux.

« Chargé de constituer l’offre de preuve pour le procès contre la secte, j’ai pu avoir la preuve qu’il s’agissait uniquement de faux souvenirs que le gourou avait induits par manipulation…. »

« Le plus extraordinaire, c’est le gourou lui-même qui décrit dans son livre : Communication et Manipulation, la technique de la manipulation mentale :

« il écrit, (page 157) La suggestion permet de faire remonter des souvenirs très anciens », c’est la formule astucieuse pour cacher qu’on peut tout autant induire des faux souvenirs qui remontent à la toute petite enfance.

« Le manipulateur manipule en trois temps : il séduit, il détruit et il induit..

« Il séduit : séduction, « mise en confiance absolue, aveugle : c’est le premier atout à jouer pour se ménager les bonnes intentions de son patient. Il s’agit de se mettre sur la même longueur d’onde que lui » (p.161)

« Il détruit : « arracher les gens à leur environnement habituel, les déraciner tout d’un coup, les couper de leurs relations » (p.165).

« Il induit : « Rassuré, mis en confiance, le patient ne songe plus à passer au filtre le discours… il avale un tas de suggestions … sans s’en rendre compte aucunement et qui orientent sa réflexion, sa perception, son jugement » (p.162). C’est ici qu’a lieu l’induction de faux souvenirs, précédée d’une phase de déstabilisation (p.165).

CONCLUSION

« C’est la manipulation, la suggestion qui l’emportera désormais sur la réalité elle-même. C’est elle qui prévaut sur la réalité… la réalité peut crier, hurler le contraire… ils ne la voient pas, ils ne l’entendent pas. Ils refusent d’y croire. C’est là que nous soupçonnons la force de l’endoctrinement communiqué, dont des sujets par ailleurs intelligents et cultivés ne veulent pas démordre » (p.172)… » (…)

Comme ces dérives étaient peu connues des professionnels de la santé, les familles n’en parlaient pas, elles avaient honte et ne se confiaient pas. Après avoir écouté plusieurs centaines de familles, nous constatons aujourd’hui qu’un grand nombre d’entre elles vivaient les accusations et la rupture avec leurs enfants depuis plus de 20 ans. Grâce à l’ A F S I les familles osent parler de leurs problèmes.

La technique des Faux Souvenirs peut s’exercer sous deux formes différentes :
- sur un plan collectif, à partir d’un groupe ou d’une secte,
- sur un plan individuel, à partir d’un opérateur qui exerce la thérapie de la mémoire retrouvée.

Dans ces deux cas il s’agit de dérives psychosectaires utilisant le même mécanisme de la manipulation mentale.

Il en est de même pour tous les charlatans, qui pratiquent différentes formes de manipulations mentales, dès lors qu’ils assènent à leur victime qu’elles ont été abusées lorsqu’elles étaient enfant. Si elles ne s’en souviennent pas, c’est qu’elles ont « occulté » l’événement, et à partir de là ils commencent leur travail de destruction et d’intrusion dans l’esprit de leur victime ; les charlatans n’auront de cesse de faire « retrouver » ce fameux souvenir d’inceste.

Quelques commentaires lus sur sante-medecine.net

Si l’individu est capable d’« effacer » de sa mémoire des événements traumatiques ayant réellement existé (amnésie psychogène), il est aussi capable de l’inverse : se remémorer une ou plusieurs expériences traumatiques qui n’ont en réalité jamais existé. C’est le syndrome dit de la fausse mémoire ou des faux souvenirs

Suggestion et auto-suggestion au cœur des faux souvenirs

La persuasion par la parole vise l’introduction dans le cerveau d’idées et de représentations qui peuvent, suivant la sensibilité des sujets à la suggestion, déterminer des comportements et des croyances. Ainsi, l’exposition répétée à des propos fallacieux portés par une personne ayant autorité sur le patient peut altérer la mémoire de ce dernier.
Cette suggestion peut parfois donner naissance à l’invention de faits imaginaires corroborant le système de croyances dans lequel la personne s’est, ou a été, « enfermée ». En actionnant des fonctions indépendantes de la volonté ou de la conscience, la suggestion est ignorée du sujet qui est alors persuadé de l’authenticité de ses souvenirs.

Delphine GUERARD – Psychologue-Clinicienne, écrit dans le journal des Psychologues – Décembre 2008 – Janvier 2009 :

… « La vulgarisation du discours psychanalytique : certains s’approprient et décomplexifient des concepts empruntés à la psychanalyse et s’emparent de « preuves freudiennes » (dessins, rêves) pour conforter leur intuition. En pensant d’une façon naïve et simpliste qu’il suffit de « ‘retrouver ce qui a été occulté pour guérir », la psychanalyse est réduite ici à la levée du refoulement ». (…)

Bien que nous n’ayons pas la même culture que les Américains en matière de psychothérapies, nous sommes aujourd’hui en France, dans la situation dans laquelle se trouvaient les États-Unis en 2000 : tous les jours nous recevons des nouvelles familles accablées par les accusations de leurs enfants majeurs. Nous sommes persuadés que nous sommes en France, comme en Angleterre, plusieurs milliers de victimes de ces thérapeutes déviants

Est-ce que tous les souvenirs retrouvés en thérapie sont faux ?

Il faut être très prudents puisque les abus sexuels sur les jeunes enfants existent. Il faut savoir faire la part du réel et de l’imaginaire. Seul un véritable professionnel de la santé saura faire la différence.

Afin de comprendre le problème des souvenirs, vrais ou faux, la présidente de l’ A F S I est en relation depuis plusieurs années avec deux jeunes femmes qui ont réellement été abusées dans leur enfance et qui sont venues vers nous pour comprendre les faux souvenirs.

Elles nous ont raconté leur histoire. Elles ont consulté un véritable professionnel de la santé qui les a confortées dans leurs vrais souvenirs. Nous nous voyons régulièrement afin qu’elles nous conseillent sur les questions que nous nous posons lorsque nous rencontrons des parents accusés, car nous n’écartons pas le risque d’être à notre tour manipulés. Elles nous disent, malgré le temps passé, qu’elles se sont toujours rappelé avoir été abusées, même si pour l’une tout était « lointain ». Elles n’ont pas eu besoin d’une thérapie pour se « souvenir ». Elles nous ont également parlé du chantage affectif dont elles ont fait l’objet de la part de leur abuseur.

L’une, parvenue à l’âge adulte, a fait condamner le parent incestueux, l’autre a préféré s’écarter de son ancienne vie. Aujourd’hui elles sont toutes les deux des jeunes femmes épanouies qui ont réussi leur vie familiale et leur vie professionnelle et n’ont aucun ressentiment.

Incognito, l’une ou l’autre vient à nos Assemblées générales. Elles entendent la détresse des familles et nous disent que le véritable abuseur ne se pose pas tant de questions, il « s’autorise » le droit de profiter de l’innocence d’un enfant et lorsqu’il est découvert, c’est la petite victime abusée qui a tous les torts.

Tout comme nous l’avons vu lors d’une émission de France 2 sur l’inceste, les enfants abusés, devenus de jeunes adultes, soutenus par leur maman, avaient fait condamner le parent incestueux, et nous avons pu constater que les enfants n’avaient aucune agressivité envers leur parent abuseur, au contraire, ils déclaraient aimer leur père et l’une d’elles d’ajouter : « tout le monde a droit à une seconde chance dans la vie … ».

Il ne s’agit pas pour notre Association de nier ni de minimiser la réalité des abus sexuels, de l’inceste et de la maltraitance des jeunes enfants. Il ne s’agit pas non plus de dire que toutes les psychothérapies sont négatives. Mais il nous semble essentiel de dénoncer les thérapies déviantes générant les Faux Souvenirs et les conséquences qu’elles entraînent sur les personnes, d’autant qu’elles nuisent fortement au combat légitime des vraies victimes.