Le rapport 2007 de la Miviludes dénonce le problème des faux souvenirs induits dans un article de Jacques Trouslard, sur la secte de St-Erme :
Extrait :
En France, une dérive sectaire fortement empreinte du syndrome des faux souvenirs induits comme outil de manipulation des adeptes et de rupture avec leur famille est celle du groupe Saint-Erme à la fin des années 1970 et au début de la décennie 1980.
Le groupe Saint-Erme et l’induction de faux Souvenirs
Ce groupe est à l’origine un institut séculier fondé et dirigé par Marcel Cornélis, prêtre catholique belge, assisté d’une dizaine de permanents. Au plus fort de son développement, il regroupe environ 450 membres dont 72 médecins, une vingtaine de professeurs d’université, des psychiatres, psychologues et autres professions de santé. Le groupe est implanté dans ou à proximité des villes universitaires françaises et belges.
À la fin des années 1970, le groupe également appelé « La famille de Nazareth » se transforme en SCI « Le Haut de Saint-Erme » doté par ailleurs de deux départements scientifiques, la société internationale de recherche interdisciplinaire sur la communication (SIRIC) et la société internationale de recherche interdisciplinaire sur les maladies (SIRIM).
Seront mises en œuvre sous l’influence de son fondateur des pratiques de transes et diffusées des croyances comme le don des langues, les miracles ou des prophéties sur le règne de Satan et la fin des temps. Ces extravagances entraîneront sa rupture avec l’Église catholique.
À l’issue d’une enquête sur l’évolution du groupe, le Père Jacques Trouslard déclarait dans la revue de l’UNADFI, Bulles, parue au premier trimestre 1991 :« Étudiant les problèmes de la vie quotidienne à la lumière du fonctionnement du cerveau, la SIRIC et la SIRIM proposent à leurs adeptes et à tous les lecteurs, une théorie globale, nouvelle et unique de la psychopathologie et de la psychosomatique.
» La méthode psychothérapeutique est simple : on assure l’autonomie et l’épanouissement harmonieux de la personne en la mettant en garde contre la relation dominant/dominé, source de toutes les dépendances et de toutes les maladies. En fait, ces théories et cette thérapie prétendument scientifiques sont l’occasion pour Marcel Cornélis d’entrer et de faire entrer ses disciples dans une violente diatribe contre la femme, la mère, les psys, l’Église, les chefs d’entreprises, les médias… »
Une conséquence de la mise en œuvre de cette théorie psychothérapeutique, destructrice de la personne et de la famille, fut au sein de ce groupe l’explosion du phénomène des faux souvenirs induits. Les adeptes adressaient à leurs parents des courriers injurieux et calomnieux dénonçant des relations incestueuses dans leur petite enfance.
Ces démarches conformes aux écrits du fondateur ont illustré les mécanismes de manipulation des adeptes et de caractérisation d’une dérive sectaire suivant trois phases : la séduction, la déstabilisation principalement par l’induction de faux souvenirs entraînant des ruptures familiales particulièrement douloureuses, et la mise en état de sujétion de l’adepte.
Entré dans un délire particulièrement agressif, le groupe rejettera violemment toutes critiques ou dénonciations émanant soit d’anciens adeptes et leurs familles au sein de l’association pour la promotion et la défense de l’individu et de la famille (APEIF), soit de campagnes de presse ou de l’ouvrage publié aux éditions du Cerf sous le titre « Radiographie d’une secte au-dessus de tout soupçon » par Olivier Braconnier.
Portant plainte pour diffamation contre l’association, les journalistes et l’éditeur, Le Haut de Saint-Erme perdra finalement son procès et se disloquera. Cette affaire impliquant plus de deux cents familles accusées de relations incestueuses sans preuve établie, illustre une dérive sectaire d’une ampleur certaine dans laquelle le phénomène des faux souvenirs induits est constaté.
Par son ampleur et sa gravité, le syndrome des faux souvenirs induits a rapidement mobilisé les victimes et suscité des études et des publications de la communauté scientifique, en particulier sur les mécanismes de la mémoire.. (…)
Rapport annuel 2007, p. 41-42