Extrait de Psychological Science ) du 14.01.2015 : [Criminel malgré soi->http://pss.sagepub.com/content/early/2015/01/14/0956797614562862] (Merci au Docteur N., médecin psychiatre, criminologue, addictologue et ami, pour nous avoir communiqué cette information.) Voici la preuve qu’il est relativement facile de convaincre un innocent d’avoir commis un délit dans son enfance. La psychologue Julia SHAW (Université du Bedfordshire) a soumis une soixantaine d’étudiants volontaires à une série d’interrogatoires amicaux sur leurs souvenirs marquants d’enfance. Elle a réussi à en persuader 71 % qu’ils avaient commis un vol ou une attaque à mains armée en manipulant leur mémoire grâce à des questions/ insinuations astucieuses. Les étudiants se sont fabriqués de faux souvenirs . On comprend mieux comment des innocents avouent des crimes lors de gardes à vue musclées. ———————– Comment on peut avouer ce qu’on n’a pas commis Certains suspects peuvent être eux-mêmes convaincus, au bout de quelques heures d’interrogatoire, d’avoir commis un crime sans l’avoir pour autant commis, révèle cette étude britannique. Cette expérience, présentée dans la revue Psychological Science, fournit des preuves en laboratoire de ce phénomène, mettant à la fois en évidence l’impact de la fragilité émotionnelle sur la mémoire et donc la fragilité de certains témoignages. L’expérience est simple : Elle se déroule avec 60 étudiants, coupables d’aucun méfait et sur lesquels les chercheurs ont pris soin de prendre des informations, avec autant de détails que possibles, auprès de professionnels de santé qui les avaient suivis entre les âges de 11 et 14 ans. Ces étudiants ont été invités pour 3 entretiens de 40 minutes sur une semaine. Au cours du premier entretien, le chercheur rappelle à l’étudiant 2 événements de son adolescence, dont un seul s’est réellement passé. Pour certains des participants, le faux événement est lié à un crime, pour d’autres, il est de nature émotionnelle (blessure personnelle, perte d’argent etc…). Le chercheur prend bien soin, lorsqu’il rappelle le faux événement, à glisser des détails vrais, dans sa narration. Les participants sont ensuite invités à raconter à leur tour chacun des 2 événements et lorsqu’ils ont des difficultés avec le faux événement, ils sont encouragés par le chercheur à le reconstituer à partir de détails de cette époque de leur vie. Au cours des 2d et 3ème entretiens, les chercheurs demandent à nouveau aux étudiants de se rappeler au mieux les 2 événements. L’expérience montre que les participants internalisent les histoires racontées et effectuent même des descriptions riches et détaillées des événements qui n’ont jamais eu lieu. Sur les 30 participants qui ont reconnu avoir commis un crime durant leur adolescence, 21 (71%) avaient développé un faux souvenir de ce crime, Sur les 20 qui participants qui ont reconnu avoir commis une agression, 11 ont apporté des détails précis sur leurs démêlés avec la police. Et en cas d’événement plus émotionnel, 77% des participants vont développer de faux souvenirs… Curieusement, les faux crimes semblent être tout aussi crédibles que les chocs émotionnels. Les étudiants apportent le même nombre de détails et racontent avec autant d’assurance les deux types d’événements. Il semble donc plutôt facile de faire générer de faux souvenirs, explique Julia Shaw, psychologue à l’Université de Bedfordshire et auteur principal de l’étude : » Tous les participants vont développer, en moins de 3 heures un faux souvenir largement illustré par de nombreux détails, si l’intervieweur introduit quelques détails et utilise quelques techniques de » récupération de mémoire « . Car c’est l’incorporation de vrais détails, tels que le nom d’un ami ou le rappel d’un lieu bien connu qui rend le scénario plausible. Le processus de mémoire est faillible. Seule différence perceptible tout de même, les participants apportent plus de détails en cas de vrai souvenir. Cependant, ces résultats ont des implications pour les interrogatoires de police et de justice.