Comment la mémoire fonctionne réellement

Comment la mémoire fonctionne réellement

John  HOCHMAN

John HOCHMAN est psychiatre à ENCINO (Californie)  et fait partie du Comité Scientifique Consultatif de la     FMS  Foundation  à Philadelphie – USA –
Il a écrit sur la psychologie des sectes, les abus et le syndrome des faux souvenirs.

Dans la théorie freudienne du refoulement, l’esprit bannit automatiquement de la mémoire les événements traumatisants, pour se protéger d’une anxiété accablante. Freud ensuite découvrit que les souvenirs refoulés créent des « névroses » que l’on peut guérir en rendant ces souvenirs conscients. Tout cela a été enseigné en psychologie, et est considéré comme un truisme par les romanciers et par les scénaristes, mais cela n’a jamais été prouvé scientifiquement d’une manière rigoureuse.

Freud, s’il était en vie aujourd’hui, serait traumatisé de voir comment la RMT  a redéfini son concept favori.  Alors que Freud parlait du refoulement d’événements traumatiques isolés, les thérapeutes d’aujourd’hui maintiennent que des douzaines d’événements traumatiques  similaires se produisant sur des années sont refoulés avec une efficacité de 100 %, quelques minutes après leur occurrence.

Le Syndrome bien connu des troubles dus à un stress post traumatique  – Post Traumatic Stress disorder – PSD, nous montre que des événements traumatiques vérifiables plutôt que de disparaître de la mémoire, laissent les victimes de ce traumatisme hantées par des souvenirs importuns durant lesquels elles revivent leur traumatisme.

Pour ceux qui étaient dans des camps de concentration nazis, ou qui ont subi la torture comme prisonniers de guerre au Vietnam, cela peut devenir un problème handicapant leur vie durant. Les gens oublient la plupart des choses qui leur arrivent, y compris des événements qui étaient significatifs pour eux lorsqu’ils se sont produits. Si un événement est perdu pour la mémoire, il n’y a pas de moyen objectif de savoir s’il a été « refoulé » ou simplement oublié.

Et il n’y a pas de raison que les souvenirs d’abus sexuels soient traités différemment des souvenirs de mauvais traitements physiques ou de chirurgie d’urgence durant l’enfance.  Des événements qui sont sortis de la mémoire ne peuvent pas être rappelés avec l’exactitude d’une cassette vidéo. Les gens n’oublient pas seulement, dans leur totalité, des événements (traumatiques ou non), mais avec des détails significatifs altérés.

Une étude portant sur une école dont les élèves avaient été attaqués par un sniper montrait que certains d’entre eux, qui n’étaient pas sur place lors de l’attaque, prétendaient en avoir des souvenirs personnels.  Ces faux souvenirs étaient manifestement inspirés par le fait d’avoir entendu les histoires de ceux qui avaient réellement subi le traumatisme. Des souvenirs peuvent être délibérément déformés chez des adultes en leur présentant un ensemble d’informations visuelles et en les exposant ensuite à une désinformation verbale sur ce qu’ils ont vu.  Cette désinformation s’incorpore souvent à la mémoire, contaminant au bout du compte ce dont on se souvient.

 

Certains patients ont effectivement été abusés sexuellement durant leur enfance et se sont toujours rappelé ces abus. Ils n’ont pas besoin d’une aide spéciale en « mémoire retrouvée » pour dire à leur thérapeute ce qui leur est arrivé.

Le thérapeute RMT suggère que, en plus de détruire complètement une enfance, les abus sexuels subis par les enfants peuvent tout expliquer et expliquer tout ce qui ne va pas à l’âge adulte. La RMT est le dernier cri de la thérapie pour enfants pleurnicheurs.

N.B.  Les quelques éléments de cet article proviennent de la version  corrigée d’une étude  publiée en 2002 dans le SKEPTIC Magazine